Une demande de connectivité en hausse, une utilisation accrue des services de commerce électronique, l’adoption d’applications de travail collaboratif et un regain soudain d’intérêt pour les possibilités offertes par les technologies numériques. Voici quelques-uns des points forts de la première Série de peering virtuels – Afrique intitulée Effets du nouveau coronavirus (COVID-19) sur l’Internet africain, qui s’est tenue le 1er septembre 2020 et a été organisée par l’ISOC et par l’Af-IX.
Ces questions ont été abordées lors de la première Série de peering virtuels, après l’annulation du Forum africain sur le peering et l’interconnexion (AfPIF). L’AfPIF devait se tenir du 18 au 20 août 2020 à Kigali, au Rwanda, mais après que l’épidémie de COVID-19 a été déclarée pandémie, la réunion publique physique a été annulée pour des raisons de sécurité.
La Série de peering virtuels – Afrique est donc un ensemble d’événements en ligne conçu par les acteurs de peering qui se réunissent à l’AfPIF, afin de rester connectés et d’échanger de manière virtuelle.
Les événements mensuels mettront en lumière et analyseront les questions clés et les récentes évolutions de l’écosystème Internet africain. Sous l’égide du comité du programme de l’AfPIF, l’objectif de la série est de sensibiliser, de favoriser la collaboration et de développer l’écosystème de peering et d’interconnexion de l’Afrique afin de réaliser la vision d’un approvisionnement local pour 80 % du trafic africain. Les séances virtuelles mensuelles aborderont différents sujets et un certain nombre de réseaux seront invités à présenter leur politique de peering.
Hisham Ibrahim, directeur des relations extérieures de RIPE NCC, a animé la séance, à laquelle ont participé: Kyle Spencer, directeur exécutif de Uganda Internet Exchange Point et co-coordinateur de l’Association des IXP africains, Brett Lewan, directeur de la stratégie d’interconnexion chez Microsoft, Dave Omoregie, vice-président des opérations technologiques et de la chaîne d’approvisionnement de Konga Online Shopping Ltd et Ben Roberts, directeur général de la technologie et de l’innovation chez Liquid Telecom.
En Ouganda, Kyle a noté une augmentation du trafic de pointe échangé au niveau de l’IXP de 12 Gbps à 14 Gbps après une baisse initiale, accusée immédiatement après le confinement. L’Ouganda, le Rwanda et le Nigéria ont connu une baisse du trafic global échangé lorsque l’épidémie de COVID-19 a touché le continent et que les gens s’adaptaient au travail à domicile. De nombreuses personnes étaient habituées à l’Internet fixe de leurs bureaux, où ils pouvaient accéder à des applications gourmandes en bande passante. En revanche, l’Afrique du Sud a connu un pic de capacité car les entreprises et les individus s’étaient préparés au télétravail.
Le passage de l’Internet fixe du bureau aux forfaits de données fournis par le haut débit mobile a entraîné cette baisse, mais les opérateurs de téléphonie mobile ont réduit le coût des forfaits Internet en réaction à la perte de revenu disponible.
Dans le cadre du passage au travail à domicile, Microsoft a constaté une augmentation de l’utilisation des services de cloud, en particulier Microsoft Teams et Office. Brett prévoit que l’Afrique continuera d’utiliser les produits Microsoft. Après la croissance de l’utilisation des applications de collaboration pour le travail à domicile et l’éducation, Brett a noté qu’un réseau robuste et étendu est nécessaire pour rapprocher le trafic des utilisateurs finaux. Microsoft prévoit d’ajouter davantage de sites de peering et de serveurs POP afin de renforcer les réseaux de Nairobi, Johannesburg et Lagos.
Les services de commerce électronique sont ceux qui ont le plus bénéficié de la situation, car les Africains ont exploré les moyens de minimiser les contacts. Konga, l’un des plus importants sites de commerce en ligne d’Afrique, a connu une hausse de trafic lorsque les gens ont commencé à y faire leurs courses et à acheter des boissons, des masques et du gel hydro alcoolique. Pour les commerçants en ligne, les restrictions relatives aux déplacements ont été l’un des inconvénients de l’épidémie de COVID-19, car celles-ci ont limité le stock disponible. D’après Dave Omoregie, Konga a pu utiliser le stock disponible et a également réussi à faire en sorte que les commerçants livrent leurs stocks dans les entrepôts de la société.
Pour Liquid Telecom, la période COVID-19 a fait apparaître de nouvelles possibilités dans le domaine de l’éducation ; l’opérateur téléphonique a rejoint l’UNICEF et l’UIT dans le cadre de l’initiative GIGA. Dans sa présentation, Ben Roberts a indiqué que l’initiative GIGA connectera toutes les écoles du monde. Le Kenya et le Rwanda font partie de l’initiative pilote.
« Au Kenya par exemple, 6000 écoles sont à moins d’un kilomètre de la fibre et 75 % d’entre elles sont en zone rurale ou périurbaine. Investir pour connecter les écoles est, selon nous, un élément essentiel du haut débit abordable pour tous », explique Ben Roberts.