Par Dr. Boubakar Barry, CEO, WACREN
Pendant des décennies, les pays africains ont dépensé des milliards de dollars en coûts de transit afin de communiquer entre eux. Ceci a été d’abord appliqué à la communication vocale, et ensuite à la communication de données, en particulier depuis le développement de l’Internet à partir des années 1990.
Au cours des 15 dernières années, il y a eu plusieurs initiatives pour changer cet état en établissant des points d’échange Internet (des IXPs) permettant ainsi au trafic local de rester local. Le projet AXIS qui a été mis en œuvre par l’Internet Society (ISOC) dans le cadre du mandat de l’Union africaine (UA) est l’une de ces initiatives.
Aujourd’hui, plus de la moitié des pays africains ont un IXP, épargnant ainsi beaucoup de ressources financières et améliorant la qualité des communications en réduisant la latence de manière draconienne. L’échange de trafic transfrontalier direct contribue également à ces réductions de coûts et à une meilleure qualité de service. Il existe toutefois des possibilités d’amélioration, car de nombreux pays africains ne disposent toujours pas d’IXP, obligeant ainsi le trafic local à s’échanger par l’intermédiaire des passerelles internationales.
La communauté universitaire a été impliquée dans un grand nombre de ces initiatives d’IXP. En outre, en raison de la création des réseaux nationaux pour la recherche et l’éducation (NREN) dans de nombreux pays africains, le trafic de la recherche et de l’éducation est échangé directement entre les membres de ces NREN.
On sait bien que la communauté de l’éducation et de la recherche génère beaucoup de trafic à des fins d’enseignement, d’apprentissage et de recherche. Il est dû à la taille de cette communauté et ses exigences particulières en termes de bande passante selon lesquelles les NREN ont été établies. Bien sûr, à cause du volume du trafic impliqué, il serait inefficace et coûteux d’acheminer ce trafic par l’intermédiaire des passerelles internationales.
Les réseaux nationaux pour la recherche et l’éducation (NREN) ont donc établi des réseaux fermés privés sur lesquels les membres échangent du trafic. Ils constituent des plates-formes qui permettent et soutiennent la collaboration et le partage des ressources.
Le réseau ouest et centre africain pour la recherche et l’éducation (WACREN) ira même plus loin en faisant le peering au niveau régional.
WACREN, créé en 2010, compte actuellement 11 membres, à savoir: RerBenin (Bénin), RIC (Cameroun), RITER (Côte d’Ivoire), GabonREN (Gabon), Garnet (Ghana), MaliREN (Mali), NigerREN (Niger) , NgREN (Nigeria), snRER (Sénégal), TchadREN (Tchad) et TogoRER (Togo). RENATER, le NREN français et Eko-Konnect du Nigeria sont des Membres associés WACREN.
Les NREN énumérés ci-dessus sont à différents stades de développement, et il est prévu que le projet AfricaConnect2 financé par la Commission européenne servira de catalyseur pour la poursuite de leur développement.
L’épine dorsale WACREN, pour lequel un appel d’offres international a été ouvert dans le cadre du projet AfricaConnect2, sera constituée par une épine dorsale 10G+ avec 3 à 4 principaux hubs et des liens d’accès à 1G+ pour les NREN. Au moins deux liens vers l’Europe sur l’épine dorsale 10G+ vont connecter WACREN à GEANT (le réseau pour la recherche et l’éducation paneuropéen) et le réseau de recherche et d’éducation globale, par peering avec Internet2 (USA), CLARA (Amérique latine) et APAN (Asia -Pacifique).
WACREN et ses organisations sœurs UbuntuNet Alliance et ASREN, les trois RENs régionaux couvrant l’Afrique de l’Ouest et Centrale, l’Afrique de l’Est et Australe et l’Afrique du Nord, respectivement, en étant conscient de l’avantage de peering et de garder le trafic local, ont pour objectif de faire du peering entre eux sur le continent d’ici la fin de 2017.
Compte tenu du volume du trafic dans le milieu de l’éducation et de la recherche, ce mouvement aura un impact significatif sur la croissance et l’efficacité du trafic Internet en Afrique.